Le destin du boxeur Mohammed Ali, né Cassius Clay, héraut afro-américain musulman devenu un symbole mondial de liberté et de courage. Dernier round : Mohammed Ali bat George Foreman au Zaïre, remporte de nouveau le titre de champion du monde des poids lourds et devient ainsi mondialement célèbre.
Mohammed Ali
À l’automne 1974, le monde retient son souffle alors qu’il affronte George Foreman à Kinshasa, au Zaïre. À 32 ans, si son talent est sur le déclin, sa popularité reste immense, en Afrique comme en Amérique. Contre toute attente, il gagne le combat et devient champion du monde pour la deuxième fois. L’année suivante, il bat Joe Frazier lors d’une troisième rencontre à Manille, qui restera dans l’histoire pour son extrême violence. Ali monte encore sur le ring pendant cinq ans, mais même s’il remporte un troisième titre de champion du monde – un record inégalé dans l’histoire de la boxe – face à Leon Spinks, en 1978, il paie le prix fort de ses combats de trop, arrangés par des managers peu scrupuleux, dont Herbert Muhammad, le fils d’Elijah. En 1984, on lui diagnostique la maladie de Parkinson. Il n’en continue pas moins à voyager dans le monde pour partager sa foi. Lors des JO de 1996 à Atlanta, il bouleverse le public en portant la flamme olympique, malgré sa faiblesse visible. Il meurt en 2016, et ses obsèques à Louisville sont dignes de celles d’un chef d’État.
Héraut iconique du Black Power
Mohamed Ali fut-il, comme l’écrivit Norman Mailer, “la plus parfaite incarnation de l’esprit du XXe siècle” ? Sa personne, et le destin qu’il s’est forgé de ses poings et de son verbe, ont en tout cas cristallisé certains des changements culturels majeurs qu’a connus l’Amérique à partir des années 1960. Dans cette fresque magistrale, portée par de formidables archives, dont certaines inédites, comme les images du combat de Manille, Ken Burns, Sarah Burns et David McMahon nous offrent huit heures dans l’intimité solaire de l’athlète et héraut iconique du Black Power, pour le faire revivre dans toute sa complexité. Tissant la parole de dizaines de témoins – dont les filles du champion, Rasheda et Hana, leurs mères respectives, Khalilah Ali et Veronica Porché Ali, ses biographes David Remnick et Jonathan Eig, le promoteur du combat de Kinshasa, le très controversé Don King, ou encore le boxeur Larry Holmes, qui pleure de chagrin au souvenir du combat qu’il remporta contre son héros, affaibli par l’âge et, déjà, la maladie… –, ce portrait multidimensionnel, intensément humain, explore toutes les facettes, parfois contradictoires, du parcours extraordinaire de Mohamed Ali et de son héritage, sur le ring et en dehors. Un récit rythmé par de fabuleux combats, qui rappellent combien la boxe, davantage peut-être qu’aucun autre sport, relève de l’épopée.