Grandeur et décadence du “saint diable” Raspoutine qui envoûta la cour impériale et les derniers tsars de Russie. Une fresque historique signée Josée Dayan, avec Gérard Depardieu.
Raspoutine
Dans une Russie quasi féodale au bord de l’explosion, Grigori Raspoutine, étrange et mystique paysan venu de Sibérie, est accueilli à la cour impériale pour ses prétendus pouvoirs de guérisseur. Parce qu’il semble seul capable de sauver le tsarévitch, atteint d’hémophilie, l’emprise de ce “saint diable” sur les souverains russes, et en particulier l’impératrice Alexandra, ne cesse de croître. Une influence qui lui vaut bientôt de farouches ennemis, scandalisés aussi par son comportement débauché.
Imposteur et visionnaire
Dans cette production franco-russe réalisée par Josée Dayan, le destin de Raspoutine s’inscrit dans une Russie impériale crépusculaire. Tourné à Saint-Pétersbourg, dans les décors somptueux des palais de Tsarkoïe Selo sous la neige, le film chronique ainsi cet irrémédiable déclin, en entretenant le mystère sur Raspoutine, devenu le gourou d’Alexandra (Fanny Ardant). Derrière sa barbe, le regard acéré, l’ogre Depardieu se délecte à camper ce rôle qu’il attendait depuis quinze ans, lui insufflant toute sa démesure. Mais la puissance du personnage, entre imposteur analphabète et visionnaire, apparaît surtout comme le reflet illusoire d’une cour qui vit ses derniers feux, avant l’entrée en guerre de la Russie contre l’Allemagne, aux côtés des Français et des Anglais. Un désastre par lui annoncé, prélude à la révolution de 1917 et à l’exécution de la famille impériale quelques mois plus tard.